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les mille nuits et une nuit

adolescent aux joues légèrement duvetées et désirables comme un fruit, à la chair délicate qui fonde dans ta bouche sous le baiser. Par Allah ! il saura bien compenser auprès de toi son manque de barbe par tant d’autres choses pleines de saveur ! »

À ces paroles, sa compagne lui répondit : « Que tu es sotte, ma sœur, et que tu manques de finesse et de bon sens ! Ne sais-tu donc pas que l’arbre n’est beau que chargé de ses feuilles, et que le concombre n’est savoureux qu’avec tout son duvet et ses aspérités ? Quoi de plus laid au monde qu’un homme imberbe et chauve comme un topinambour ? Sache donc que la barbe et les moustaches sont pour l’homme ce que les tresses des cheveux sont pour les femmes. Et cela est tellement notoire qu’Allah Très-Haut (qu’il soit glorifié !) a spécialement créé dans le ciel un ange qui n’a d’autre occupation que de chanter les louanges du Créateur pour avoir donné la barbe aux hommes et doué les femmes de longs cheveux ! Que me dis-tu donc de choisir pour amoureux un adolescent imberbe ? Crois-tu que je consentirais à m’étendre sous quelqu’un qui, à peine monté, songe à descendre, à peine tendu, songe à se détendre, à peine noué, songe à dénouer le nœud, à peine en place, songe à se défaire, à peine solidifié, songe à fondre, à peine érigé, songe à s’effondrer, à peine enlacé, songe à se délier, à peine collé, songe à se dissoudre, et à peine tiré, songe à se relâcher ? Détrompe-toi, ma pauvre sœur ! Jamais je ne quitterai l’homme qui à peine a reniflé qu’il enlace, qui lorsqu’il entre reste en place, lorsqu’il se vide se remplit, lorsqu’il finit recommence, lorsqu’il remue est excel-