deux de leur serment en le faisant bénéficier de l’esclave qu’il souhaitait. Ils firent donc venir l’esclave sur le champ, et le khalifat dit : « Je ne puis attendre que soit passé le temps réglementaire pour la libération définitive qui me permettra de prendre l’esclave à son premier maître. Il faut donc, ô Abi-Youssouf, que tu me trouves également le moyen de faire immédiatement cette libération ! » Abi-Youssouf répondit : « La chose est encore plus facile ! Qu’on fasse venir un jeune mamelouk ! » Aussitôt on fit venir le mamelouk en question, et Abi-Youssouf dit : « Pour que cette libération immédiate soit licite, il faut que l’esclave soit légitimement mariée. Je vais donc la donner en mariage à ce mamelouk qui, moyennant rétribution, divorcera d’avec elle avant de la toucher ! Et alors seulement, ô émir des Croyants, l’esclave pourra t’appartenir comme concubine ! » Et il se tourna vers le mamelouk et lui dit : « Acceptes-tu cette esclave comme épouse légitime ? » Il répondit : « Je l’accepte ! » Alors le kâdi lui dit : « Tu es marié ! Maintenant voici mille dinars pour toi ! Divorce d’avec elle ! » Le mamelouk répondit : « Du moment que je suis marié légitimement, je tiens à rester marié, car l’esclave me plaît ! »
En entendant cette réponse du mamelouk, le khalifat fronça les sourcils de colère, et dit au kâdi : « Par l’honneur de mes ancêtres ! ta solution va te mener à la potence ! » Mais Abi-Youssouf, amène, dit : « Que notre maître le khalifat ne se préoccupe pas du refus de ce mamelouk, et qu’il soit persuadé que la solution devient plus facile que jamais ! »