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les mille nuits et une nuit

paratifs en question, ne prit avec lui que quelques hommes choisis, et, accompagné du cheikh Abdossamad et de Taleb, l’envoyé du khalifat, il prit la route du désert, suivi de mille chameaux chargés d’eau et de mille autres chargés de vivres et de provisions.

La caravane marcha dans les solitudes plates pendant des jours et des mois, sans rencontrer sur sa route un être vivant dans ces immensités unies comme la mer lorsqu’elle est tranquille. Et le voyage continua de la sorte au milieu du silence infini, jusqu’à ce qu’un jour ils eussent aperçu au loin comme un nuage brillant, à ras de l’horizon, vers lequel ils se dirigèrent. Et ils reconnurent que c’était un édifice aux hautes murailles en acier chinois, et soutenu par quatre rangées de colonnes d’or de quatre mille pas de circonférence. Mais le dôme de ce palais était en plomb, et servait de reposoir à des milliers de corbeaux, seuls habitants visibles sous le ciel. Sur la grande muraille où s’ouvrait la porte principale en ébène massif lamé d’or, une plaque immense de métal rouge laissait lire sur sa table, tracés en caractères ioniens, ces mots que déchiffra le cheikh Abdossamad et qu’il traduisit à l’émir Moussa et à ses compagnons :

Entre ici pour apprendre l’histoire de ceux qui furent les dominateurs !

Ils passèrent, tous ceux-là ! Ils eurent à peine le temps de se reposer à l’ombre de mes tours.

Ils furent dispersés comme des ombres par la mort ! Ils furent dissipés comme la paille au vent par la mort !