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le parterre… (le maître d’école)
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mité ! mon époux est peut-être mort ! » Puis, pleine d’anxiété, elle demanda au maître d’école : « De grâce ! ne me cache rien ! Est-il mort ? » Pour toute réponse il haussa la tête d’un signe vague, et garda le silence. Elle s’écria alors : « Ô calamité sur ma tête ! dois-je me déchirer les habits ? » Il répondit : « Déchire ! » Elle demanda, à la limite de l’anxiété : « Dois-je me frapper et me griffer les joues ? » Il répondit : « Frappe et griffe ! »

À ces paroles, la pauvre femme, affolée, s’élança hors de l’école et courut à sa maison qu’elle remplit de cris de deuil. Alors toutes les voisines accoururent chez elle, et se mirent à la consoler, mais en vain. À ce moment, un des parents de la malheureuse entra, vit la lettre et, l’ayant lue, dit à la femme : « Mais qui donc a pu t’annoncer la mort de ton époux ? Il n’y a rien de cela dans la lettre. En voici le contenu : « Après les salams et les souhaits. Ô fille de mon oncle, je continue à jouir d’une excellente santé, et j’espère être de retour auprès de toi dans quinze jours. Mais auparavant, je t’envoie, pour te prouver ma sollicitude, une toile de lin enveloppée dans une couverture. Ouassalam ! »

La femme prit alors la lettre et retourna à l’école pour reprocher au maître de l’avoir ainsi induite en erreur. Elle le trouva assis à sa porte, et lui dit : « N’est-ce point une honte sur toi de tromper de la sorte une pauvre femme et de lui annoncer la mort de son époux, alors que dans la lettre il est écrit que mon époux doit bientôt revenir, et qu’il m’envoie à l’avance une toile et une couverture ? » À ces paroles, le maître d’école répondit : « Certes ! ô pauvre