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les mille nuits et une nuit

femme, tu as raison de me faire ces reproches. Mais pardonne-moi, car au moment où j’avais ta lettre entre les mains, j’étais fort préoccupé, et, ayant lu un peu vite et de travers, j’ai cru que la toile et la couverture étaient un souvenir qu’on t’envoyait des effets de ton époux mort ! »

— Schahrazade dit ensuite :


INSCRIPTION D’UNE CHEMISE


On raconte qu’El-Amîn, frère du khalifat El-Mâmoun, étant allé un jour en visite chez son oncle El-Mahdi, aperçut une jeune esclave d’une grande beauté, qui jouait du luth ; et il en devint aussitôt amoureux. Aussi El-Mahdi ne tarda pas à remarquer l’impression que l’esclave avait produite sur son neveu, et, pour lui faire un agréable cadeau, attendit qu’il fût parti pour lui envoyer l’esclave chargée de bijoux et de riches habits. Mais El-Amîn crut que son oncle avait déjà eu la primeur de l’adolescente, et la lui donnait défraîchie ; car il le savait excessivement amateur de fruits encore acides. Il ne voulut donc pas accepter l’esclave, et la lui renvoya avec une lettre où il lui disait qu’une pomme mordue par le jardinier avant la maturité ne dulcifiait jamais la bouche de l’acheteur.