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les mille nuits et une nuit

La mort m’a surpris sans que ma puissance l’ait repoussée, sans que mes armées ni mes courtisans aient pu me défendre contre elle !

Écoute donc, voyageur, les paroles que jamais mes lèvres ne prononcèrent de mon vivant :

Conserve ton âme ! Jouis en paix du calme de la vie, de la beauté calme de la vie ! Demain la mort t’enlèvera !

Demain la terre répondra à ceux qui t’appelleront : « Il est mort ! Jamais mon sein jaloux ne rend ceux qu’il enferme pour l’éternité ! »

En entendant ces paroles, que traduisait le cheikh Abdossamad, l’émir Moussa et ses compagnons ne purent s’empêcher de pleurer. Et ils restèrent longtemps debout devant le sarcophage et les sépulcres, en se répétant les paroles funèbres. Puis ils se dirigèrent vers la tour qui était fermée par une porte à deux battants d’ébène, sur laquelle cette inscription se lisait, également gravée en caractères ioniens rehaussés de pierreries :

Au nom de l’Éternel, de l’Immuable,

Au nom du Maître de la force et de la puissance !

Apprends, voyageur qui parcours ces lieux, à ne point t’enorgueillir des apparences ! Leur éclat est trompeur.

Apprends par mon exemple à ne point te laisser éblouir par les illusions ! Elles te précipiteraient dans l’abîme !

Je te parlerai de ma puissance !