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histoire de la ville d’airain
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J’avais dix mille coursiers généreux dans mes écuries, soignés par les rois captifs de mes armes.

J’avais dans mes appartements privés, comme concubines, mille vierges issues du sang des rois, et mille autres vierges choisies parmi celles dont les seins sont glorieux et dont la beauté fait pâlir l’éclat de la lune.

Mes épouses me donnèrent, pour postérité, mille princes royaux, courageux comme des lions.

Je possédais d’immenses trésors ; et sous ma domination se courbaient les peuples et les rois, depuis l’Orient jusqu’aux extrêmes limites de l’Occident, subjugués par mes armées indomptables.

Et je croyais éternelle ma puissance, et assise pour les siècles la durée de ma vie, quand soudain, la voix se fit entendre qui m’annonçait les irrévocables décrets de Celui qui ne meurt pas !

Alors je réfléchis sur ma destinée !

Je rassemblai mes cavaliers et mes fantassins par milliers, armés de leurs lances et de leurs glaives.

Et je rassemblai les rois, mes tributaires, et les chefs de mon empire et les chefs de mes armées.

Et devant eux tous, je fis apporter mes cassettes et les coffres de mes trésors, et à tous ceux-là je dis :

« Ces richesses, ces quintaux d’or et d’argent, je vous les donne si vous prolongez d’un jour seulement ma vie sur la terre ! »

Mais ils tinrent leurs yeux baissés, et gardèrent le silence. Alors moi je mourus ! Et mon palais devint l’asile de la mort.

Si tu veux savoir mon nom, je m’appelais Kousch ben-Scheddad ben-Aâd le Grand !