Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 7, trad Mardrus, 1901.djvu/224

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
216
les mille nuits et une nuit

avait eu, médit : « Informe-toi à l’instant du maître de cette maison ! » Alors je fis appeler la vieille nourrice et lui demandai le renseignement de la part du khalifat. Elle me répondit : « Quelle calamité sur nous ! ô opprobre sur notre tête ! C’est la fille du vizir du khalifat, Hassan ben-Sehl ! » Aussitôt El-Mâmoun dit : « À moi le vizir ! » La vieille disparut en tremblant, et, quelques instants après, le vizir Hassân ben-Sehl, à la limite de la stupéfaction, faisait son entrée entre les mains du khalifat.

En le voyant, El-Mâmoun se mit à rire et lui dit : « Tu as une fille ? » Il dit : « Oui ! ô émir des Croyants ! » Il demanda : « Comment s’appelle-t-elle ? » Il répondit : « Khadiga ! » Il demanda : « Est-elle mariée ou vierge ? » Il répondit : « Vierge, ô émir des Croyants ! » Il dit : « Je la veux de toi comme épouse légitime ! » Il s’écria : « Ma fille et moi, nous sommes les esclaves de l’émir des Croyants ! » Il dit : « Je lui reconnais cent mille dinars de dot que tu toucheras pour toi-même demain matin au palais, sur le trésor ! En même temps, tu feras conduire ta fille au palais, avec toute la magnificence que comporte la cérémonie du mariage, et tu feras distribuer au sort, à toutes les personnes qui seront du cortège de la mariée, en cadeau de ma part, mille villages et mille terres de mes propriétés particulières ! »

Après quoi le khalifat se leva, et je le suivis. Nous sortîmes cette fois par la porte principale, et il me dit : « Garde-toi bien, Ishak, de parler de l’aventure à qui que ce soit. Ta tête me répondra de ta discrétion ! »