Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 7, trad Mardrus, 1901.djvu/231

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le parterre fleuri… (le nettoyeur…)
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« Nous demeurâmes ainsi enlacés jusqu’au matin ; puis elle me dit que le moment était venu pour moi de me retirer ; mais auparavant elle me demanda où je demeurais ; et, lorsque je lui eus donné les indications nécessaires à ce sujet, elle me dit qu’elle enverrait me prévenir au moment favorable, et me donna un mouchoir brodé d’or et d’argent, dans lequel il y avait quelque chose de noué de plusieurs nœuds, en me disant : « C’est pour acheter de quoi manger à ton âne ! » Et je sortis de chez elle, absolument dans le même état que si je sortais du paradis.

« Lorsque je fus arrivé à la triperie où j’avais mon logement, je dénouai le mouchoir en me disant : « Il ne contiendrait que cinq ronds de cuivre, que j’aurais tout de même de quoi m’acheter à déjeuner ! » Or, quelle ne fut point ma surprise d’y trouver cinquante mitkals d’or ! Je me hâtai de creuser un trou et de les y enterrer pour les jours mauvais, et je m’achetai, pour deux cuivres, du pain et un oignon dont je fis mon repas, assis à la porte de ma triperie et rêvant à l’aventure qui m’arrivait.

« À la tombée de la nuit, un petit esclave vint me chercher de la part de celle qui m’aimait ; et moi je le suivis. Arrivé dans la salle où elle m’attendait, j’embrassai la terre entre ses mains ; mais elle me releva aussitôt et s’étendit avec moi sur le lit de bambou et d’ivoire, et me fit passer une nuit aussi bénie que la précédente. Et le matin elle me donna un second mouchoir contenant, comme la veille, cinquante mitkals d’or. Et je continuai à vivre de la sorte pendant huit jours entiers, avec, chaque fois, un festin de la confiture sèche et humide, de