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le parterre fleuri… (l’adolescente…)
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t’entendre toute seule chanter quelque chose ! » Alors Harmonie accorda son luth et chanta :

« Ma douceur
craint les regards,
et mon cœur sensible
redoute
les yeux des ennemis.
Mais à l’approche de l’ami
le plaisir
me fait frémir,
et toute fondue
je me rends à lui.
Mais s’il s’éloigne,
je tremble d’émoi
comme la gazelle
qui perd son enfant. »

Al-Mâmoun, charmé, lui dit : « Tu as excellé, ô jeune fille ! Et qui a composé ces vers ? » Elle répondit : « C’est Amrou Al-Zobaïdi ; et la musique est de Môbed. » Le khalifat vida la coupe qu’il tenait, et son frère Abou-Issa et Aboul-Jamal firent de même. Comme ils déposaient leurs coupes, entrèrent dix nouvelles chanteuses habillées de soie bleue, et ceintes d’écharpes du Yamân brodées d’or ; elles prirent la place des dix premières, qui s’éloignèrent, accordèrent leurs luths et préludèrent par un chœur d’une science remarquable. Alors le khalifat fixa ses regards sur l’une d’elles, qui était comme un cristal de roche, et lui demanda : « Quel est ton nom, ô jeune fille ? » Elle répondit : « Biche, ô émir des Croyants ! »