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histoire de la ville d’airain
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de ces langues et ne fit un geste quelconque d’intelligence. Alors l’émir Moussa dit : « Ô cheikh, ces gardes sont peut-être offensés de ce que tu ne leur ébauches pas le salut de leur pays. Il te faut donc leur faire des salams gesticulés selon tous les pays que tu connais ! » Et le vénérable Àbdossamad exécuta à l’instant tous les gestes des salams usités chez les peuples de toutes les contrées qu’il avait parcourues. Mais aucun des gardes ne bougea, et chacun resta immobilisé dans la même attitude qu’au commencement.

À cette vue, l’émir Moussa, à la limite de l’étonnement, ne voulut pas davantage insister ; il dit à ses compagnons de le suivre et continua sa route, ne sachant à quelle cause attribuer un tel mutisme. Et le cheikh Abdossamad se disait : « Par Allah ! jamais, dans mes voyages, je n’ai vu une chose si extraordinaire ! »

Ils continuèrent à marcher de la sorte jusqu’à ce qu’ils fussent arrivés à l’entrée du souk. Ils trouvèrent les portes ouvertes et pénétrèrent à l’intérieur. Le souk était rempli de gens qui vendaient et achetaient ; et les devantures des boutiques étaient merveilleusement garnies de marchandises. Mais l’émir Moussa et ses compagnons remarquèrent que tous les acheteurs et vendeurs, ainsi que tous ceux qui se trouvaient dans le souk, s’étaient, comme d’un commun accord, arrêtés dans leurs gestes et leurs mouvements dès qu’ils les eurent aperçus ; et l’on eût dit qu’ils n’attendaient que le départ des étrangers pour reprendre leurs occupations habituelles. Pourtant ils semblaient ne faire aucune