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les mille nuits et une nuit

attention à leur présence, et se contentaient d’exprimer leur mécontentement de cette intrusion par le mépris et la négligence. Et, pour donner plus de signification encore à cette attitude dédaigneuse, un silence général se faisait sur leur passage, de façon que l’on entendait dans l’immense souk voûté résonner leurs pas de marcheurs solitaires au milieu de l’immobilité d’alentour. Et ils parcoururent de la sorte, ne rencontrant nulle part ni geste bienveillant ou hostile ni sourire de bienvenue ou de moquerie, le souk des bijoutiers, le souk des soieries, le souk des selliers, le souk des marchands de drap, celui des savetiers, et le souk des marchands d’épices et d’aromates.

Lorsqu’ils eurent traversé le souk des aromates, ils débouchèrent soudain sur une place immense où le soleil mettait une clarté d’autant plus éblouissante que les souks avaient une lumière tamisée qui avait habitué les regards à sa douceur. Et tout au fond, entre des colonnes d’airain d’une hauteur prodigieuse qui servaient de piédestaux à de grands animaux d’or aux ailes éployées, se dressait un palais de marbre flanqué de tours d’airain, et gardé par une ceinture d’hommes armés et immobiles dont les lances et les glaives flambaient sans se consumer. Une porte d’or donnait accès à ce palais où l’émir Moussa pénétra, suivi de ses compagnons.

Ils virent d’abord, courant tout le long de l’édifice et limitant une cour aux bassins de marbres de couleur, une galerie supportée par des colonnes de porphyre ; et cette galerie servait de réserve d’armes, car on y voyait partout, suspendues aux colonnes,