Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 8, trad Mardrus, 1901.djvu/253

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
dalila-la-rouée… (ali vif-argent…)
245

vous emparer de la robe de ma fille Kamaria ! Et je donnerai Kamaria en mariage à celui qui pourra enlever sa robe ! » Or, y a Ali, les plus fins larrons et les plus rusés fripons d’entre nous n’ont pu jusqu’à présent tenter l’aventure qu’à leurs dépens ; car l’insigne magicien a changé les téméraires qui ont entrepris le coup soit en mulets, soit en ours, soit en ânes, soit en singes. Je te conseille donc de renoncer à la chose, et de rester avec nous ! » Mais Ali s’écria : « Quelle honte sur moi si je renonçais, à cause de la difficulté, à l’amour de la sensible Zeinab ! Par Allah ! j’apporterai la robe d’or et j’en revêtirai Zeinab la nuit des noces, et je lui mettrai la couronne d’or sur la tête, la ceinture d’or autour de sa taille exquise, et la pantoufle d’or au pied ! » Et il sortit sur-le-champ à la recherche de la boutique du Juif magicien et usurier Azaria.

Lorsqu’il fut arrivé au souk des changeurs, Ali s’informa de la boutique, et on lui montra le Juif qui était occupé précisément à peser de l’or dans ses balances, à le vider ensuite dans des sacs et à charger les sacs sur le dos d’une mule attachée à la porte. Il était bien laid et d’aspect rébarbatif ! Et Ali fut un peu ému de sa physionomie. Pourtant il attendit que le Juif eût fini de ranger les sacs, de fermer sa boutique et d’enfourcher sa mule, pour le suivre sans en être remarqué. Il arriva de la sorte derrière lui hors des murs de la ville.

Ali commençait à se demander jusqu’où il allait marcher encore, quand il vit soudain le Juif tirer de la poche de son manteau un sac, y plonger la main, la sortir pleine de sable et jeter le sable en l’air