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les mille nuits et une nuit

en soufflant dessus. Et aussitôt devant lui il vit s’élever un magnifique palais en briques alternées d’or et d’argent, avec un immense portique d’albâtre et des marches de marbre que le Juif monta avec sa mule, pour disparaître à l’intérieur. Mais quelques instants après, il parut à la fenêtre avec un plateau d’or où se trouvait une robe splendide brochée d’or, une couronne, une ceinture et la pantoufle d’or ; et il s’écria : « Ô vous tous maîtres voleurs et fripons de l’Irak, de la Perse et de l’Arabie, venez, si vous le pouvez, vous emparer de tout cela, et ma fille Kamaria vous appartiendra ! »

En voyant et entendant ces choses-là, Vif-Argent qui était doué de beaucoup de jugement se dit : « Le plus sage parti est encore d’aller trouver ce maudit Juif-là et de lui demander la robe par les bonnes paroles en lui expliquant mon cas avec Zoraïk ! » Et il leva le doigt en l’air, en criant au magicien : « Moi, Ali Vif-Argent, le premier des garçons d’Ahmad le mokaddem du khalifat, je désire te parler ! » Et le Juif lui dit : « Tu peux monter ! » Et lorsque Ali fut arrivé en sa présence, il lui demanda : « Toi, que veux-tu ? » Et Ali lui raconta son histoire et lui dit : « Or maintenant il me faut cette robe d’or et les autres objets pour les porter à Zeinab fille de Dalila ! »

À ces paroles, le Juif se mit à rire en montrant des dents épouvantables, prit une table de sable divinatoire et, après avoir tiré l’horoscope d’Ali, lui dit : « Écoute ! si ta vie t’est chère, et si tu ne tiens pas à te perdre sans recours, suis mon conseil ! Renonce à ton projet ! Car ceux qui t’ont poussé à entreprendre cette aventure ne l’ont fait que pour te