Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 8, trad Mardrus, 1901.djvu/255

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
dalila-la-rouée… (ali vif-argent…)
247

perdre, comme ont été perdus tous ceux qui ont essayé déjà la chose ! D’ailleurs si je ne venais de tirer ton horoscope et de voir par le sable que ta fortune l’emportait sur ma fortune, je n’aurais certes pas hésité à te couper le cou ! » Mais Ali, que ces dernières paroles avaient subitement enflammé et stimulé, tira soudain son glaive et, le dirigeant contre la poitrine du magicien Juif, lui cria : « Si de suite tu ne consens à me donner ces effets et, en outre, à abjurer tes hérésies et te faire musulman en prononçant l’acte de foi, ton âme va sortir de ton corps ! » Alors le Juif étendit la main comme pour prononcer l’acte de foi et dit : « Que ta main droite se dessèche ! » Et aussitôt la main droite d’Ali, celle qui tenait le glaive, se dessécha dans la position où elle se trouvait, et le glaive tomba sur le sol. Mais Ali le ramassa de la main gauche et en menaça la poitrine du magicien ; mais celui-ci prononça : « Ô main gauche, dessèche-toi ! » Et la main gauche menaçante d’Ali se dessécha, et le glaive tomba sur le sol. Alors Ali, à la limite de la fureur, leva la jambe droite et voulut l’enfoncer dans le ventre du Juif ; mais celui-ci, étendant sa main, prononça : « Ô jambe droite, dessèche-toi ! » Et la jambe élevée en l’air d’Ali se dessécha dans sa position, et Ali ne se trouva plus debout que sur un seul pied, le gauche…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.