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histoire magique du cheval d’ébène
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l’adolescente endormie, en tremblant de tous ses muscles et de tous ses nerfs et, frémissant de plaisir et de volupté, il la baisa sur la joue droite.

Au contact de ce baiser, la jeune fille se réveilla en sursaut, ouvrit de grands yeux et, apercevant le jeune prince qui était debout à son chevet, s’écria : « Qui es-tu et d’où viens-tu ? » Il répondit : « Je suis ton esclave et l’amoureux de tes yeux ! » Elle demanda : « Et qui t’a conduit jusqu’ici ? » Il répondit : « Allah, ma destinée et ma bonne chance ! »

À ces paroles, la princesse Schamsennahar (car tel était son nom), sans trop montrer de frayeur ou d’épouvante, dit au jeune homme : « Peut-être es-tu ce fils du roi de l’Inde qui m’a demandée hier en mariage, et que le roi mon père n’a pas accepté comme gendre à cause, prétend-on, de sa laideur. Car si c’est toi, tu n’es, par Allah ! rien moins que laid, et ta beauté me subjugue déjà, ô mon seigneur ! » Et, comme, en effet, il était aussi radieux que la brillante lune, elle l’attira à elle et l’embrassa, et il l’embrassa, et, tous deux, enivrés de leur mutuelle beauté et de leur jeunesse, se firent mille caresses, étendus dans les bras l’un de l’autre, et se dirent mille folies en se faisant mille jeux aimables et mille cajoleries douces ou hardies.

Pendant qu’ils s’égayaient de la sorte, soudain les servantes se réveillèrent, et, apercevant le prince avec leur maîtresse, s’écrièrent : « Ô notre maîtresse, quel est ce jeune homme qui est avec toi ? » Elle répondit : « Je ne sais pas ! En me réveillant, je l’ai trouvé à mes côtés ! Je crois bien toutefois que c’est celui qui m’a sollicitée hier de mon père en mariage ! »