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les mille nuits et une nuit

Elles s’écrièrent, éperdues d’émotion : « Le nom d’Allah sur toi et autour de toi ! ô notre maîtresse, ce n’est point du tout celui qui t’a demandée hier en mariage ; car il était bien laid et bien hideux, celui-là ; et cet adolescent est gentil et délicieusement beau ; et il est certainement d’une illustre naissance. Quant à l’autre, le laid d’hier, il n’est même pas digne d’être son esclave ! » Sur quoi les servantes se levèrent et allèrent réveiller l’eunuque de la porte, et lui jetèrent l’alarme au cœur en lui disant : « Comment se fait-il qu’étant le gardien du palais et du harem, tu laisses les hommes pénétrer chez nous pendant notre sommeil ? »

Lorsque l’eunuque nègre entendit ces paroles, il sauta sur ses deux pieds et voulut se saisir de son glaive, mais ne le trouva plus dans le fourreau. Cela le jeta dans une grande terreur, et, tout tremblant, il souleva la portière et entra dans la salle. Et il vit, avec sa maîtresse au lit, le beau jeune homme, dont il fut ébloui tellement qu’il lui demanda : « Ô mon seigneur, es-tu un homme ou un genni ? » Le prince répondit : « Et toi, misérable esclave et le plus maléfique des nègres noirs, comment oses-tu confondre les fils des rois Khosroès avec les genn démoniaques et les éfrits ? » Et ce disant, furieux comme un lion blessé, il se saisit du glaive et cria à l’eunuque : « Je suis le gendre du roi, et il m’a marié avec sa fille, et m’a enjoint de pénétrer chez elle ! »

En entendant ces paroles, l’eunuque répondit : « Ô mon seigneur, si tu es vraiment un homme de l’espèce des hommes, et non point un genni, notre jeune maîtresse est digne de ta beauté, et tu la