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une marche forcée, j’arrivai sur une terre, où mes gens, à la tête de tous les corps, attendraient le combat. Je députai sur-le-champ quelques-uns d’entr’eux, pour rassembler ceux qui étaient dispersés. Je me préparais à leur suggérer les actes de religion propres de la circonstance, et à leur donner une absolution générale à l’approche de l’ennemi : mais ils ne parurent point. M. de Montcalm, pour ne pas perdre le prix de tant de démarches, s’avisa d’un stratagème qui aurait pu faire naître l’occasion d’une action que nous étions venus chercher à si grands frais : il se proposa d’ordonner aux français et aux canadiens de se livrer mutuellement un combat simulé. Les sauvages cachés dans les bois devaient faire face aux ennemis, qui ne manqueraient pas de faire une vigoureuse sortie. L’expédient exposé à nos Iroquois, fut d’une invention admirable ; mais ils se retranchèrent sur ce que le jour était trop avancé. Le reste des sauvages eut beau appeler de ce jugement, l’excuse fut jugée de mise et acceptée ; ainsi chacun s’en retourna dans son poste sans avoir vu autre chose que l’appareil d’un combat. Enfin le lendemain, veille de la Saint-Laurent, le septième jour de notre arrivée, la tranchée poussée jusqu’aux jardins, on se disposait à établir notre troisième et dernière batterie. La proximité du Fort fesait espérer que, dans trois ou quatre jours, ou pourrait donner un assaut général, à la faveur d’une brèche raisonnable, mais les ennemis nous en épargnè-