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est dans la Loi, Quoique les Israélites aient bien des choses à se reprocher, ils ont le dépôt de la Loi, et ils ont du moins évité de se mêler aux Gentils[1]. On croirait entendre le Juif qui objecte contre saint Paul dans l’épître aux Romains[2]. Si quelques Juifs sont tentés de s’égarer, ce n’est pas l’emploi du Messie de les mettre dans le bon chemin. Baruch ne fait pas intervenir ici comme Esdras les grands témoins qui n’ont pas goûté la mort ; il suffira des docteurs ordinaires d’Israël, « les fils de la Loi »[3]. Il y a plus, les Gentils eux-mêmes seront jugés d’après la Loi, car, s’ils l’ont ignorée, c’est à cause de leur orgueil[4]. La Loi et la foi qu’elle suppose, c’est la condition du salut, et même de la réalisation des promesses messianiques.

Le Messie paraît une troisième fois dans une nouvelle vision allégorique. Sur la mer aux couleurs variées s’élève un nuage gros d’eaux blanches et noires, avec quelque chose de semblable à un éclair à l’extrémité du nuage. L’éclair se manifestera en son temps ; on reconnaît ici encore l’existence du Messie dès le commencement du monde. Le nuage couvre toute la terre. Il en sort successivement une eau noire abondante, puis un peu d’eau claire, en alternant. Après six eaux noires et six eaux claires, une eau tout à fait noire, mêlée de feu. Alors l’éclair brille et illumine toute la terre ; il guérit les pays où la dernière eau avait fait du mal. Enfin il occupe le monde entier et le domine, cependant que douze fleuves coulent de la mer, entourent cet éclair et lui sont soumis. L’allégorie est monotone. Les eaux noires sont le débordement du péché à certaines époques ; les eaux claires ont un moindre débit, même lorsque le bien reprend le dessus. Tout cela va par paires. Adam et son péché d’une part, puis Abraham qui pratique la Loi avant qu’elle soit écrite ; les Égyptiens et Moïse, les Amorrhéens et David, Jéroboam et Ézéchias, Manassé et Josias, la destruction de Sion et sa restauration. Les dernières eaux sont les calamités qui précèdent les temps messianiques ; dans l’éclair nous avons déjà reconnu le Messie. Les douze fleuves ne peuvent être que les douze tribus, quoiqu’ils ne figurent pas dans l’interprétation, où ils sont remplacés par des eaux claires, symbole de la félicité messianique.

Ces deux tableaux n’offrent rien de bien nouveau. L’action du

  1. xlviii, 22 in te confidimus, quia ecce lex tua apud nos, et scimus quia non cademus quantumcumque sanctiones tuas tenemus. 23 Semper beati erimus saltem in hoc quod non commisti sumus cum gentibus.
  2. Rom. ii, 17.
  3. xlvi, 4 : … verumtamen non deficiet Israel sapiens, neque filius legis generis Iacob.
  4. xlviii, 40. 47 ; li, 4 ; xliv, 7 : si enim sustinueritis et permanseritis in timore eius,