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Tous les fils du grand Dieu autour du temple
vivront en paix, se réjouissant de ce que
leur donnera le créateur, et le monarque juste juge[1].
Lorsque les Gentils se convertiront, ils diront :
Lorsque les Gentils se convertiront,… prions
le roi immortel, le Dieu grand et éternel ;
envoyons au temple, puisqu’il est le seul souverain[2].

Voici qui est plus nouveau :

Alors il suscitera un empire à jamais
[sur tous les hommes, lui qui autrefois a donné la loi sainte],
en faveur des pieux, auxquels il a promis d’ouvrir à tous la terre
et le monde, et les portes des bienheureux, et toutes les joies
 et un esprit immortel et un bonheur éternel[3].

Le second vers est rejeté par Bleek, et il semble bien qu’il rompt le contexte. J’en dirais autant des vers 770 et 771, qui, s’ils étaient pris selon leur sens obvie, feraient allusion au paradis spirituel de l’au-delà. Or la scène continue par la description d’un royaume merveilleux, mais parfaitement terrestre. Quoi qu’il en soit, cet empire suscité par Dieu en faveur des saints est bien l’empire de Daniel. Ce sont les prophètes qui seront juges et rois, mais leur pouvoir se résoudra naturellement dans la domination de Dieu[4].

Et c’est bien ce qu’on trouve encore :

or, il faut que tous sacrifient au grand roi[5],

mais ce vers appartient peut-être à une rédaction postérieure.

Il est fort douteux que l’ordre actuel représente l’ordre d’origine de toutes ces prédictions, sans quoi il faudrait dire que le règne du Messie a précédé l’établissement du règne des saints. Il y a donc là comme un conglomérat de traditions et d’espérances qui n’émanent pas du même auteur. S’il fallait établir un ordre d’origine, on placerait en premier lieu ce qui s’inspire de Daniel, plus bas ce qui ressemble aux psaumes de Salomon.

Un autre passage du IIIe livre est généralement daté du temps du second triumvirat ; il est donc à peine postérieur à ces psaumes, et conçu dans le même système, avec un parti pris d’accentuer le caractère divin du règne :

  1. 702-704. εὐϕραινόμενοι ἐπὶ τούτοις rappelle singulièrement εὐϕράνθησαν… ἐν ἀγαθοῖς (Ps. Sal. v, 21).
  2. 715-717.
  3. iii, p. 767-771.
  4. iii, 784 : αὕτη γὰρ μεγάλοιο Θεοῦ κρίσις ἠδὲ καὶ ἀρχή.
  5. iii, 808. Tout le passage 796-808 est peut-être du rédacteur définitif, d’après Geffcken, Komposition…, p. 14, note 1.