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d’eau, paraissent assez sceptiques en matière de résurrection[1]. Mais le plus souvent ce sont des philosophes, ou même des empereurs. Or cette discussion n’aurait guère de sens si on n’avait eu en vue que la résurrection des justes israélites pour jouir des biens messianiques.

C’est ainsi que R. Gamaliel II, probablement dans son célèbre voyage à Rome en 95, essaya de prouver la résurrection par divers textes qui ne firent aucune impression sur ses interlocuteurs[2]. Il les convainquit enfin en citant : « Et vous qui adhérez à Iahvé, votre Dieu, vous êtes tous vivants aujourd’hui »[3]. Argument sans appui sur le sens littéral historique, mais admirable par l’assurance sous-entendue que ceux qui vivent en Dieu doivent vivre à jamais en Lui dans l’intégrité de leur nature[4]. La fille du patriarche s’exercait aussi dans le même genre de controverses[5].

Josué ben Khanania expliquait à Hadrien que pour la résurrection Dieu se servirait d’un os de la colonne vertébrale en forme d’amande, qui ne se corrompt ni dans le feu, ni dans l’eau, et qu’on ne peut piler[6].

Dans l’école d’Ismaël, on faisait de la résurrection la contre-partie de la création. Si le vase de verre brisé, vase produit par le souffle de l’homme, peut être raccommodé quand il est brisé, combien plus l’homme, créé par le souffle de Dieu[7] ?

Le lien étroit entre l’idée de rétribution et la résurrection a été exprimé par R. Jacob sous une forme obscure et un peu paradoxale. « Toutes les fois qu’un commandement de la Thora mentionne une récompense, il fait allusion à la résurrection des morts »[8]. Rien de plus contraire en apparence au sens littéral, par exemple si celui-ci promet une longue vie sur la terre. Mais c’est précisément sur quoi s’appuie R. Jacob. Le Deutéronome prescrit, quand on déniche des oiseaux, de laisser aller la mère : « afin que tu sois heureux et que tu prolonges tes jours »[9]. Or il peut arriver que celui qui a accompli le précepte tombe d’une branche et se rompe le cou. Que devient sa

  1. BACUCR, ’fan >I. I-, p. iso.
  2. 7)1. XXXI, 16 ; fs. XXVI, 19 ; Cant. VU, 10.
  3. »/. IV, 4.
  4. Cf. Marc, xit, 27.
  5. b. Sanh. 9011.
  6. BÂCHER, Tann. I2, p. 166.
  7. BACHER, Tann. Il, p. 343 s. La même comparaison est attribuée à Josué b. Khalaphta pour consoler un père, en lui promettant qu’il reverrait son lils dans le inonde à venir (BACHER, Tann. il, p. 189).
  8. Tosefla Khoullin, éd. Zuckerm., p. 512 : “"iinu ”1l’0 “7 pXTZIX Zpyi ’1 “□.’sns DTcn rv’nrn mxz 7ÏT2
  9. Dt. XXII, 7.