On voit percer ici l’effroi qu’inspiraient aux Juifs les progrès du christianisme, même au sein de la nation[1]. Sans être aussi précis, d’autres rangeaient parmi les grandes douleurs l’oubli de la Thora. Une baraïtha anonyme, attribuée par quelques-uns à Simon b. Iokhaï[2], avait ce caractère particulier que l’anxiété n’était pas à son comble à l’avènement du Messie ; elle progressait jusqu’à un maximum pour diminuer ensuite graduellement.
Dans la semaine [d’années] où le fils de David doit venir, la première année s’accomplira ce qui est dit (Amos, iv, 7) : je ferai pleuvoir sur une ville, et je ne ferai pas pleuvoir sur une autre. La deuxième année les flèches de la famine seront tirées ; la troisième, une grande famine, les hommes, les femmes, les enfants succombent, les gens pieux et les hommes d’œuvres [sont en moins grand nombre], et la Loi est oubliée de ceux qui l’apprennent. Dans la quatrième, abondance sans abondance ; dans la cinquième, grande abondance, on mange, on boit, on se réjouit, et la Loi revient à ceux qui l’apprennent. Dans la sixième, des bruits [se répandent] ; dans la septième, des guerres ; à la fin de la septième, vient le fils de David[3].
Il est très important de noter avec M. Klausner que cet obscurcissement de la Loi fait partie des douleurs messianiques ; elle reprend son éclat avant l’avènement du Messie. Les Juifs, demeurés Juifs, ne pouvaient admettre que la Loi fût abrogée[4].
Dans la pensée d’un grand nombre de maîtres, les douleurs messia-
- ↑ L’ensemble est donc postérieur à Hadrien ; cependant le noyau peut remonter à Gamaliel II (Bacher, Tannaïten, I2, p. 92).
- ↑ Par Dérek éreṣ zuṭa, c. 10.
- ↑ b. Sanh. 97a : שבוע שבן דוד בא בו שנה ראשונה מתקיים מקרא זה והמטרתי על עיר אחת ועל עיר אחת לא אמטיר שניה חיצי רעב משתלחים שלישית רעב גדול ומתים אנשים ונשים וטף חסידים ואנשי מעשה ותורה משתכחת מלומדיה ברביעית שובע ואינו שובע בחמישית שובע גדול ואוכלין ושותין ושמחין ותורה חוזרת ללומדיה בששית קולות בשבישית מלחמות במוצאי שביעית בן דוד בא.
- ↑ Cependant il s’agit bien d’une amélioration dans Sifrê Dt., § 160 (éd. Friedm. 105b) ; cf. les textes cités par de Voisin dans le Pugio fidei, fol. 122 s.
médiatement. וְהַגַּבְלָן ne peut guère signifier la Gébalène, ou pays au nord d’Édom, dont les Juifs ne se souciaient guère ; nous avons traduit comme s’il y avait הגולן. Cet ensemble est détaillé en trois baraïthôth, attribuées à R. Néhémie (Sanh. 97a), à R. Iehoudah (ib.) à R. Nehoraï (ib.) ; cf. Klausner, l. l., p. 50 s.