Page:Le messianisme chez les Juifs.pdf/214

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sortent du sanctuaire ; leur fruit sera bon à manger, et leurs feuilles serviront à guérir »[1]. Naturellement on exploitait ce texte ; on se demandait seulement s’il ne fallait pas conclure, de la fécondité des arbres tous les mois, à la fécondité des céréales tous les quinze jours. Et on essayait de trouver la même annonce dans Joël, qui n’a rien de semblable[2]. Les promesses de la fécondité la plus luxuriante ne suffisaient pas. Si le psalmiste avait promis « abondance de blé dans la plaine et au sommet des montagnes »[3], on interprétait que l’orge serait aussi haut que le palmier, et monterait jusqu’au sommet des montagnes. Mais alors comment moissonner ? Le texte fournissait le remède : « et il fumera comme le Liban »[4], c’est-à-dire que Dieu fera sortir de ses réceptacles un vent qui répandra la fleur de la farine, de sorte que chacun recueillera en passant sa nourriture et celle de sa famille[5].

La récolte du vin ne pouvait rester en arrière : « Il n’y aura pas de grappe de raisin qui ne donne trente tonneaux de vin, car il est écrit : « tu boiras comme vin le jus de la vigne »[6]. Pour tirer sa conclusion, le commentateur se permet un changement dans les voyelles du texte, ce qui donne pour chaque vigne un khomer de vin, c’est-à-dire une mesure équivalant au kor pour les choses sèches, de la valeur de trente seas.

L’apocalypse de Baruch[7] a la même comparaison avec un kor, mais c’est le grain de raisin et non pas seulement la grappe qui donne cette quantité fabuleuse de liquide. Le bon Papias ne s’en contenta pas et multiplia tout par dix mille, aboutissant à faire rendre à chaque grain vingt-cinq mesures[8].

De la fécondité des plantes, on passait à celle des animaux et même de l’homme. Rabbi Gamaliel II qui vivait au temps de la guerre de

  1. Éz* XLVii, 12.
  2. Joël, H, 23 ; KLAUSNERJ l, p. 11 h
  3. P,ç. I.XXII, Î6.
  4. Lire toute cette strophe un peu autrement que le texte massorétique ; voy.ÆlL, 190ô> p. 45.
  5. BaraTtha anonyme, b. Kelhubotk, 111\
  6. b. Keihuboth, nih : psw nixr Ss "S pNI nn-in xbn von vipn Sx non rin^n 3 :7 on (DI. XXXH, I*J.
  7. .ipoG. Baruch^ XXIX1 5 ; eliatn terra dabil fruetns sues mm in decem miUîa* eJ in vite itnfi erunt mille pahnite^ et unus palmes faciet mille boiras* et bolrtis unus faciet mille aeinos, et unvs acinus facîet conim vini.
  8. Venient diex in quibus vineae naseentnr singula dena miUia palmüum habenles, et in unu palmite dena milita brachiorîtm, et in nno brachio pahnitis dena nilllia flagellorwn, et in nnoquoque flagella dena niillia bnfruv.m : et unumquodque acinnm expressem, dubit vîginti quinque metretas vint (apnd ïren. V, 33).