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CHAPITRE VI

LE MESSIE.


I. — L’AVÈNEMENT D’ÉLIE.


On sait par les Évangiles qu’au temps de Jésus les docteurs de la Loi regardaient l’avènement d’Élie comme une condition préalable à la venue du Messie[1]. Jésus expliqua que ce rôle avait été rempli par Jean-Baptiste.

Les Juifs l’entendaient d’une façon littérale, et attribuaient à Élie diverses fonctions. Si l’on veut suivre le développement de cette idée, il faut remonter à deux textes de l’Écriture.

Malachie a dit[2] :

Voici que je vais vous envoyer Élie le prophète, avant que n’arrive le jour de Jahvé, grand et redoutable ; et il ramènera le cœur des pères vers les enfants, et le cœur des enfants vers les pères, de peur que je ne vienne frapper la terre d’anathème.

Ce passage se rapportant à ce qui est dit peu auparavant du messager de Dieu[3], le rôle d’Élie était bien celui d’un précurseur aux temps messianiques, avec la mission de rétablir la paix.

Le Siracide marque moins clairement l’œuvre d’Élie comme subordonnée à celle d’un autre. Il ajoute des traits importants. L’auteur s’adresse à Élie pour célébrer ses dons et ses œuvres :

Toi dont il est écrit que tu es prêt pour le temps,
pour apaiser la colère avant l’explosion,
pour ramener le cœur des pères vers les fils,
pour restaurer les tribus d’Israël :
Heureux qui te verra et mourra,
ou plutôt nous vivrons[4] !

  1. Mt. xi, 14 ; xvii, 11.
  2. Mal. iii, 23-24. Trad. van Hoonacker.
  3. Mal. iii, 1 : « Voici que je vais envoyer mon messager et il déblaiera le chemin devant moi, et aussitôt viendra à son Temple le Seigneur auquel vous aspirez et l’ange de l’alliance que vous désirez. »
  4. Eccli. lxviii, 10 et 11.