Page:Le messianisme chez les Juifs.pdf/243

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ce qu’on disposa des sièges, et qu’un vieillard s’assit (Dan. vii, 9). La suggestion provoquée est qu’il y avait donc une autre personne digne d’être assise à côté de l’ancien des jours qui représentait Dieu : ce ne pouvait être que celui qu’on allait voir bientôt venir avec ou sur les nuées du ciel. R. Iokhanan, pour échapper à cette difficulté, qu’il n’indique même pas, rappelait que Dieu ne fait rien sans consulter la famille[1] d’en haut, et il citait un autre endroit de Daniel (iv, 17), qui était censé fournir la solution de l’objection. Cependant quelqu’un qui n’est pas nommé insiste[2] :

Toute cette question peut passer pour bien résolue, mais : jusqu’à ce que des sièges furent placés… quel peut bien être le sens ? un pour lui et un pour David ? Car c’est une tradition : l’un pour lui, l’autre pour David, d’après R. Aqiba. Mais R. José [le Galiléen] lui dit : Aqiba, jusqu’à quand profaneras-tu la gloire ? Non, il y en a un pour la justice, et un pour la bienfaisance. Aqiba le lui emprunta, ou ne le lui emprunta pas, [toujours est-il que] d’après une autre tradition, il y en avait un pour la justice, et l’autre pour la bienfaisance, d’après R. Aqiba. R. Éléazar fils d’Azariah lui dit : Aqiba ! pourquoi t’occupes-tu d’agada ? occupe-toi des Negaïm et des Ahiloth ! un de ces sièges sert de trône, et l’autre d’escabeau, le trône pour s’asseoir, l’escabeau comme place pour les pieds.

La solution de R. Iokhanan aurait sans doute été acceptée sans difficulté, si on ne s’était souvenu de l’interprétation hardie de R. Aqiba : l’un des trônes était pour Dieu, l’autre pour David, c’est-à-dire pour le Messie. Peut-être le grand docteur se souvenait-il du psaume : Iahvé a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite[3].

Cette interprétation parut à José le Galiléen un véritable blasphème ; il proposa de placer sur les deux trônes — car lui non plus n’en supposait que deux — les deux attributs divins de la justice et de la bonté. Aqiba renonça-t-il à son opinion pour embrasser celle de son adversaire ? Une baraïtha lui attribuait du moins la même pensée. Mais elle avait encore l’inconvénient de scinder les attributs de Dieu, comme s’ils constituaient deux personnes. Aqiba fut renvoyé dure-

    xi, 5 ; Gen. xxxv, 7 d’après xxxv, 3 ; Dt. {{sc|iv}, 7 d’après le même verset ; de même II Sam. vii, 23 ; voir plus bas, p. 296.

  1. En hébreu פמליא !
  2. b. Sanh. 38b : HHHHHHHHHHHHHHHHHH.
  3. Ps. cx, 1.