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ment à ses études de jurisprudence sur les points les plus délicats des plaies de la lèpre et du placement des tentes, et Éléazar b. Azaria fit triompher une opinion qui maintenait l’unité absolue de Dieu.

C’est aussi le souci des docteurs anonymes dans Mekilta[1]. Ils font bien remarquer qu’après avoir parlé des trônes, Daniel ne parle plus que d’un seul, pour enlever tout prétexte à ceux des Gentils qui seraient tentés de voir là deux pouvoirs.

C’est encore à propos du même passage[2] que R. Khiya bar Aba faisait une violente sortie contre les chrétiens : « Si le fils de la courtisane » — il n’est guère douteux qu’il désigne ainsi les disciples de Jésus — « te dit qu’il y a deux dieux, dis-lui : Je suis celui de la mer [Rouge], je suis celui du Sinaï », c’est-à-dire toujours le même[3]. Rabbi Khiya était précisément le disciple de Iokhanan, qui avait si habilement éludé le problème.

Le plus célèbre de ces controversistes demeura R. Abahou[4].

A propos du verset : Dieu n’est pas un homme qui mente[5], diversement interprété par R. Samuel b. Nakhman et d’autres sages, R. Abahou disait[6] : « Si un homme te dit : Je suis Dieu ! il ment. [S’il dit] : Je suis Fils de l’homme ! à la fin il s’en repentira. [S’il dit] : Je monte au ciel ! il le dira, mais ne le fera pas ».

Ce passage a été fort diversement interprété[7]. Il semble qu’aujourd’hui les meilleurs talmudistes soient d’accord pour reconnaître que R. Abahou visait Jésus[8]. Et pour cela il suffisait qu’il eût la moindre teinture de l’évangile.

M. Nathanaël Schmidt[9] reconnaît qu’il s’agit de Jésus, mais il conclut que Jésus avait donc seulement pris le nom d’homme, puisque ben adam ne signifie rien de plus en hébreu. Cette exégèse est par trop contraire au contexte. Jésus est nargué tout le temps de ses prétentions insoutenables. Il s’est dit Dieu, fils de l’homme, et a déclaré qu’il monterait au ciel, d’où précisément était venu le person-

  1. Voir plus bas, p. 298, n. 2.
  2. Dan. vit, 13,
  3. Pesù/. r. XXI, p. 1ûOL s.
  4. BACHER, Die Ayada der palüst. Amorfter, L IJ, p, 118 ; cf# plus haut, p. 89*
  5. jVuni. XX ni, 19.
  6. J. Ta’anitfi, 65h t DTX p NI" 3”"2 5 N D1N "(5 EN NSI ION Nina □’’Düb nSiy mnnb
  7. Très mal traduit dans Schwab, t. V), p, 156 : « Si un homme le dit être Dieu, il ment ; mais s*il se déclare fils de Wiomme, il finira par s’égarer comme tel en montant au ciel (ce qui advint à Moïse), et de lui on peut dire que cette promesse aussi a été tenue ».
  8. Bâcher, Dalman, Herford, etc.
  9. Encycl, bibL sub vy So/I.