Page:Le messianisme chez les Juifs.pdf/247

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David, Daniel, Anania, Mikaël, Azaria, et le Messie, ce dernier devait avoir en propre le don de juger par son flair surnaturel.

Il s’agissait d’expliquer le mot d’Isaïe : « Et il respirera dans la crainte de Iahvé ». Un amora, Raba, dit[1] :

Cela veut dire qu’il odore et juge, car il est écrit (Is. xi, 3 s.) : il ne jugera pas d’après le témoignage de ses yeux, mais il jugera selon la justice les pauvres, et il prononcera selon le droit en faveur des petites gens du pays. Bar Koziba régna trois ans et demi. Il dit à nos maîtres : Je suis le Messie. Ils lui dirent : Et est écrit du Messie qu’il odore et juge ; voyons s’il odore et juge. Comme donc ils virent qu’il ne jugeait pas à l’odeur, ils le tuèrent.

Il est inutile d’insister sur le caractère légendaire de cette anecdote. On fait allusion sans doute à la brutalité de Bar-Kokébas qui tua d’un coup de pied son oncle Éléazar, le saint rabbin, ensuite de quoi il fut vaincu par les Romains[2]. Ce qu’il faut retenir ici c’est que, même après avoir été reconnu comme roi, le prétendu Messie devait faire la preuve de ses dons surnaturels, indice plus certain de sa vocation divine que ses aptitudes militaires.

Cependant, d’une part, jamais le judaïsme, dans tout le cours de sa littérature, ne porta ces prérogatives surnaturelles jusqu’à remettre les péchés[3] ; d’autre part, la dignité royale paraît tout à fait nécessaire à son rôle, du moins à l’époque des tannas. Personne à cette époque ne le dépeint seulement comme un maître dans la loi ou comme un prophète prêchant la justice ; c’est un roi pacifique, juste et saint, un nouveau Salomon, sans les taches, et bien supérieur en sainteté.

Nous avons déjà relevé les expressions de Tryphon[4], le titre de roi, ajouté fréquemment au nom du Messie et qui lui donne sa véritable portée, de sorte que Messie, à lui seul, signifiait l’oint comme roi, et non comme prêtre ; et cette foi se retrouve dans la prière Chemoné-esrê, qui demande le Messie pour renouveler le règne de David[5].

Heureusement nous pouvons remonter encore plus haut, par les

  1. (•. Sanh. 93b : ’CEtt ?’ ! ’□lElS’l -XI’zS N1 ?’ ! X’rCT pan iTTO" N-’ inb l’ox icbr : p :upmn srïi : n IOT : na’ini p-ia pai pNTî ira ’N ■nna pan mai mS naN rro .imSao pxT mis xb” wirrï
  2. Voir ci-dessous^ p, 316.
  3. M. Dahnau s’en fait garant, Die TVbrie Jesu, p+ 215.
  4. Dial. c. XXXII et LXVHL
  5. Demande quatorzième I appendices, texte (V.