Page:Le messianisme chez les Juifs.pdf/255

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donc conclure que les souffrances du juste méritaient pour tout le peuple et expiaient ses fautes, si le juste avait une sainteté extraordinaire, et s’il les acceptait dans cette intention. C’est ce que dit assez clairement le dernier des sept frères immolés par Antiochus en s’adressant au tyran : « Je suis prêt, comme mes frères, à donner mon corps et ma vie[1] pour les lois paternelles, suppliant Dieu de devenir bientôt favorable à la nation, pendant que tu seras réduit par la souffrance et la torture à confesser qu’il est le seul Dieu ; puisse la colère du Tout-Puissant justement déchaînée contre toute notre race, s’arrêter sur mes frères et sur moi[2] ».

Cette doctrine ne fut jamais oubliée. Au temps des amoras, on lui donna la forme d’un examen de conscience[3].

Raba a dit (ou peut-être Rab Khisda) : Si un homme voit des épreuves fondre sur lui, il doit examiner ses œuvres, car il est dit : Examinons nos voies et scrutons-les, et retournons à Lui (Lam. iii, 40) ; s’il s’est examiné et n’a rien trouvé [de répréhensible, qui caractérisât ces souffrances comme un châtiment], il se demande s’il n’a pas négligé la Thora, car il est dit : heureux l’homme que tu corriges, Iah, et que tu instruis au moyen de ta loi (Ps. xciv, 12). S’il ne trouve rien dans cette enquête, il doit savoir que ce sont des épreuves d’amour, car il est dit : Le Seigneur reprend ceux qu’il aime (Prov. iii, 12), Raba a dit de Rab Sekhora qui le tenait de Rab Houna : Tous ceux que Dieu aime, il les brise par les épreuves, car il est dit : Et le Seigneur s’est plu à le briser, il l’a affligé (Is. liii, 10). Peut-être même s’il ne les accepte pas par amour ? [Non !] et c’est ce qui est enseigné quand on ajoute : si son âme offre le sacrifice d’expiation (Is. liii, 10).

L’acceptation volontaire des souffrances est donc exigée pour qu’elles aient tout leur mérite, et toute cette doctrine s’appuie à la fois sur l’Écriture et sur la tradition. R. Iokhanan ayant contesté que la lèpre pût être regardée comme une épreuve d’amour, on lui répondit par une tradition de l’époque antérieure (baraïtha) : « Un homme qui est atteint d’un des quatre signes de la lèpre est un véritable autel de propitiation[4] ».

S’il était accordé au pauvre lépreux de réconcilier les pécheurs à Dieu par ses souffrances, comme l’autel couvrait et effaçait les péchés, que ne pouvait-on dire des grands saints d’Israël ? Le midrach du Cantique l’explique à propos de la phrase : « mon bien-aimé est pour moi une grappe de henné[5] dans les vignes d’Engaddi ». L’Église

  1. Lire avec le manuscrit V au lieu de dans A.
  2. II Macch. vu, 37 s. ; cf. IV Macch. VI, 28 s. ; XVII, 20-23.
  3. b. lierais 5fl.
  4. b. fieraZ0<Zi,5’:Nbx, :■>>( ibSn ’1X13 11 *2 bs ts^nriT
  5. à compléter