Page:Le messianisme chez les Juifs.pdf/305

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adoreront le même Dieu, mais ne jouiront pas des mêmes privilèges que son peuple. Leur conversion elle-même, tardive et forcée, ne sera pas accueillie sans distinction. Dieu se montrera plus ou moins bienveillant pour leurs hommages, selon qu’ils auront été plus ou moins tolérants envers Israël. Nous avons déjà rencontré ce tableau. L’Éthiopie est bien reçue avec l’Égypte, mais les Romains sont exclus[1].

Rappelons encore que les temps messianiques, réduits pour ainsi dire à leur minimum, et presque rationalisés par R. Samuel, étaient encore la servitude des royaumes[2]. Cela, Israël ne pouvait consentir à le retrancher. C’était, dans cette manière de voir étroitement nationale, l’essence du messianisme.

Sûr d’imposer ses volontés au monde, le peuple élu n’avait plus besoin des prosélytes et ne consentait plus à partager avec eux.

Et cela jette une ombre fâcheuse sur toute cette affaire du prosélytisme. Il n’est point question ici d’apprécier exactement le niveau moyen du judaïsme à cet égard, mais de constater que les nobles inspirations venaient de l’esprit des anciens prophètes, les restrictions de l’égoïsme national.

  1. Voir plus haut, p. 203.
  2. Voir plus haut, p. 204.