Page:Le messianisme chez les Juifs.pdf/318

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ne veut pas céder sur ce point qu’il proteste contre la conception virginale, pour n’être point entraîné à reconnaître à Jésus une nature divine.

On peut être certain que c’est sur ce terrain que se cantonna le judaïsme. Contre les séductions du christianisme, il avait deux remparts : la foi en l’unité de Dieu, qu’il s’obstinait à juger compromise par l’Incarnation, et l’attachement à la race. Entrer dans la grande Église, composée en immense majorité de Gentils, c’était à la fois renoncer au Dieu unique et aux ancêtres, à l’antique révélation et au sang, se séparer de son peuple pour faire cause commune avec des ennemis.

C’était là une solide barrière. Aux prophéties, aux miracles, aux raisonnements, les rabbins opposaient la tradition ; ce n’eût peut-être pas été assez, sans l’instinct de la race, d’une race habituée à se maintenir depuis des siècles dans les milieux les plus divers. La religion avait défendu la race, désormais la race défendra la religion ; elle songera même à s’étendre vers les régions où les affinités de langue et d’origine lui promettaient plus de succès que dans l’Empire.