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CHAPITRE III

LES DÉCEPTIONS MESSIANIQUES.


I. — APRÈS LA RUINE.


La révolte qui aboutit à la ruine du Temple fut provoquée, en partie du moins, par des illusions messianiques. Nous en avons trouvé la preuve dans les aveux de Josèphe, et dans ses réticences mêmes. Nous reprenons ici l’histoire où nous l’avons laissée en le quittant. La nation juive n’a plus d’historien, et on ne peut que très difficilement se rendre compte de l’état des esprits et même des faits.

C’est la tradition chrétienne qui rejoint ici Josèphe sur le caractère messianique de la guerre.

Eusèbe nous apprend, d’après Hégésippe, que Vespasien fit rechercher après la prise de Jérusalem tous ceux qui seraient censés appartenir à la race de David, pour n’épargner personne qui pût avoir des prétentions à la royauté. Cette inquisition aurait été la cause d’une véritable persécution[1].

Si on a parlé de Messie durant la guerre, on avait en vue la maison de David ; les Romains ne pouvaient l’ignorer et leur préoccupation est très vraisemblable. Que les familles qui passaient pour descendre de David, — et celles de Bethléem devaient plus ou moins émettre cette prétention, — aient refusé de livrer leurs chefs, c’en était assez pour donner prétexte à de mauvais traitements et à des massacres.

Le même Hégésippe racontait encore que Domitien, tourmenté par la même inquiétude, fit comparaître des petits-fils de Juda, le frère du Seigneur[2], qu’on lui avait dénoncés comme descendants de David[3]. Cette anecdote bien connue place les deux messianismes dans une opposition saisissante. Les descendants des rois étaient de pauvres gens qui gagnaient leur vie en travaillant la terre. Quand on leur

  1. L E. lltT 12 : êrtl TQUTot ; Othcnratfiavov [Aîzà TÜT, (l£poG*G>.*J(jiœv àÀtwfftv ’ÏQUÇ àno YEVOVÇ w ; IQyoatot ; TUW àno z/j ; patrÛAxrç ;
  2. Sur cette question des frères du Seigneur. cL farticle du EL P. Durand, K IL, 1908, p. 9 ss.
  3. EUSEBE, IL IL ni, 19 et 20, citant en partie Jlégésîppe à la lettre.