Page:Le messianisme chez les Juifs.pdf/49

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Nil seront d’accord avec les riverains, les scorpions et les serpents ne se serviront plus de leur venin : pour tous ces animaux l’homme vertueux sera sacré et comme dans un asile, par un don du Dieu rémunérateur.

Si la guerre entre les animaux et l’homme doit cesser, guerre qui est cependant dans la nature des choses, à plus forte raison les guerres que l’ambition fait naître entre les hommes. Eux qui sont nés pour vivre en société et en paix[1] ne voudront pas se montrer plus sauvages que les bêtes.

Ou bien il n’y aura plus de guerre du tout, ou bien, si quelques-uns s’acharnent à faire la guerre aux autres, ils seront vaincus par une force supérieure, et il suffira de quelques-uns pour en mettre en fuite un grand nombre. « Car il viendra un homme, dit l’oracle[2], chef d’armée et faisant la guerre ; il vaincra des peuples considérables et nombreux, Dieu lui envoyant le secours qui convient aux saints, c’est-à-dire la vigueur infrangible des âmes et l’énergie toute-puissante des corps, qualités dont chacune est redoutable aux ennemis, mais invincibles quand elles sont réunies. Quelques-uns de ces ennemis ne seront même pas dignes d’être vaincus par des hommes, aussi seront-ce des essaims de guêpes qui se présenteront pour leur infliger un échec honteux et défendre les saints[3]. Ceux-ci[4] n’auront pas seulement la victoire dans la guerre sans répandre de sang, mais encore une supériorité d’empire sans rivale pour l’utilité des sujets, soit par l’affection, soit par la crainte, soit par le respect, car ils possèdent les trois dons suprêmes du pouvoir, qui le rendent inébranlable : la majesté, la (juste) rigueur et la bonté, et ces qualités font naître les sentiments que nous avons dit : de la majesté naît le respect, de la rigueur, la crainte, et de la bienfaisance, l’affection, dont le mélange et l’harmonie dans l’âme induisent les sujets à obéir aux chefs ».

  1. Τὸ δὲ ἥμερον φύσει ζῷον, ἄνθρωπον, κοινωνίας καὶ ὁμονοίας συγγενές… (De praemiis xvi.
  2. Num. xxiv, 7, d’après LXX : ἐξελεύσεται ἄνθρωπος ἐκ τοῦ σπέρματος αὐτοῦ… Dans Philon textuellement ἐξελεύσεται γὰρ ἄνθρωπος.
  3. Ex. xxiii, 28 ; Dt. vii, 20.
  4. Les mss. ont τοῦτο, qui est inexplicable ; la leçon reçue est τοῦτον, se rapportant au Messie ; Cohn a adopté τούτους, seule leçon possible d’après la suite. Il peut paraître étrange qu’on parle des sujets à moins qu’ils ne dépendent d’un prince ; mais à la fin du passage, l’opposition est entre des sujets et des chefs au pluriel. Voici le texte ; après les essaims προπολεμοῦντα τῶν ὁσίων· τούτους δʹ οὐ μόνον τὴν ἐν πολεμίῳ νίκην ἀναιμωτὶ βεϐαίως ἕξειν, ἀλλὰ καὶ κράτος ἀρχῆς ἀναντωγώνιστον ἐπʹ ὠφελείᾳ τῶν ὑπηκόων, ἢ γένοιτʹ ἂν διʹ εὔνοιαν ἢ φόϐον ἢ αἰδῶ. Τρία γὰρ ἐπιτηδεύουσι τὰ μέγιστα καὶ συντείνοντα πρὸς ἡγεμονίαν ἀκαθαίρετον, σεμνότητα καὶ δεινότητα καὶ εὐεργεσίαν, ἐξ ὧν ἀποτελεῖται τὰ λεχθέντα· τὸ μὲν γὰρ σεμνὸν αἰδῶ κατασκευάζει, τὸ δὲ δεινὸν φόϐον, τὸ δὲ εὐεργετικὸν εὔνοιαν, ἅπερ ἀνακραθέντα καὶ ἁρμοσθέντα ἐν ψυχῇ καταπειθεῖς ἄρχουσιν ὑπηκόους ἀπεργάζεται.