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Voici le jour de Iahvé qui vient,
cruel avec colère et fureur ardente,
Pour changer la terre en désert,
pour y exterminer les pécheurs.
Les astres des cieux et leurs constellations
ne feront plus briller leur lumière ;
Le soleil s’obscurcira à son lever,
et la lune ne fera plus luire sa lumière[1].

Dans le jugement qui doit s’exercer sur Édom, le même recueil met en scène tous les peuples et toute la nature, comme si le châtiment d’Édom était en raccourci l’image du jugement universel :

Toute l’armée des cieux se désagrégera,
les cieux seront roulés comme un livre,
Et toute leur armée tombera,
comme tombent les feuilles de la vigne,
comme tombent celles du figuier.
Car mon glaive dans les cieux s’est enivré ;
voici qu’il descend sur Edom[2]

Même procédé dans Jérémie, à propos des malheurs qui menacent Juda et Jérusalem :

Je regarde la terre, et c’est le chaos primitif,
les cieux, et ils ne donnent plus de lumière ;
je regarde les montagnes, et elles sont ébranlées,
et toutes les collines sont culbutées[3].

Dans Ezéchiel, tout le ciel porte le deuil de la ruine de l’Egypte[4].

Dans Joël, et devant une invasion de sauterelles :

La terre tremble, le ciel s’agite, le soleil et la lune sont obscurcis, et les étoiles ont éteint leur éclat[5].

Le dernier exemple est peut-être le plus caractéristique. Après cela il est tout naturel que les collines bondissent comme des agneaux, quand le Seigneur viendra réaliser ses merveilles.

Ce serait évidemment un très lourd contresens que de prendre à la lettre ces fortes images. Ce serait méconnaître le style de la Bible, dont les apocalypses s’inspirent le plus souvent, et à laquelle elles empruntent le canevas de leurs descriptions. Ce serait même méconnaître les habitudes du monde ancien, car les Grecs eux-mêmes, en dépit

  1. Is. xiii, 9-10. Traduction Condamin.
  2. Is. xxxiv, 4-6. Traduction Condamin.
  3. Jér. v, 23, 24.
  4. Ez. xxxii, 7-8.
  5. Joël, ii, 10. Traduction van Hoonacker.