Page:Le messianisme chez les Juifs.pdf/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

26 Et dans ces jours les enfants commenceront à chercher les lois, et à poursuivre les commandements et à retourner dans les sentiers de la justice. 27 Et les jours commenceront à se multiplier et à augmenter parmi ces fils des hommes, de génération en génération, et de jour en jour, jusqu’à ce que leurs jours approchent de mille ans, et atteignent même un chiffre plus élevé que celui d’auparavant[1]. 28 Et il n’y aura pas de vieillards, ni personne qui ne soit satisfait de ses jours, car tous seront comme des enfants et de jeunes hommes. 29 Et ils achèveront tous leurs jours et vivront en paix et en joie, et il n’y aura ni Satan, ni aucun mauvais destructeur, car tous leurs jours seront des jours de bénédiction et de salut. 30 Et dans ce temps le Seigneur guérira ses serviteurs, et ils se relèveront et verront une grande paix, et repousseront leurs adversaires, et les justes verront et seront reconnaissants et se réjouiront pour toujours et à jamais, et verront (s’accomplir) tous leurs jugements et leurs malédictions sur leurs ennemis. 31 Et leurs os reposeront dans la terre, et leurs esprits auront beaucoup de joie, et ils sauront que c’est le Seigneur qui exécute le jugement et fait grâce à des centaines et à des milliers, et à tous ceux qui l’aiment.

Certes on n’accusera pas l’auteur de désespérer de son temps. Il y voit déjà l’aurore d’une époque encore plus fortunée. Au lieu de renvoyer le bonheur après le jugement qui remettra tout dans l’ordre, il le place hardiment en deçà, au cours d’une histoire déjà commencée. Le jour du jugement ne disparaît pas complètement de la perspective : il demeure à l’horizon[2], mais simplement comme un événement plus notable de l’histoire, après quoi le messianisme évoluera sans fin[3]. « Et le Seigneur apparaîtra aux yeux de tous, et tous sauront que je suis le Dieu d’Israël et le père de tous les fils de Jacob, roi sur le mont Sion pour toute l’éternité ».

A cette époque, cependant, on ne pouvait faire abstraction complètement de l’au-delà et négliger les âmes des morts. Aussi l’auteur a-t-il soin de nous dire que les esprits des défunts se réjouissent du bonheur des vivants ; mais on ne voit pas que les morts ressuscitent pour en jouir. Les méchants, spécialement ceux qui répandent le sang ou s’en nourrissent, les idolâtres, iront au Chéol, lieu de la damnation dans les ténèbres[4].

Cette ère de bonheur terrestre, dans les conditions actuelles améliorées, peut bien être nommée un messianisme historique ; on serait tenté de le qualifier de collectif. Pourtant il fallait un Messie. L’auteur est embarrassé : les promesses faites à l’héritier de David sont formelles, et cependant les Asmonéens sont là. Il s’en tire en maintenant vaguement les assurances données à Juda. C’est un Messie bien atténué qui figure dans la bénédiction transmise par Isaac. Il dit à Juda : « Tu

  1. Au temps des patriarches.
  2. x, 17 ; xxiii, 11.
  3. i, 28 ; cf. i, 23 ; l, 5.
  4. vii, 29 ; xxii, 22.