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Page:Le oui et le non des femmes.djvu/140

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LE OUI ET LE NON DES FEMMES.

charmante tête pâle reposait sur les oreillers ; sa respiration était sifflante et oppressée ; la main qui pendait hors du lit était sèche et brûlante ; l’autre, qu’il avait ramenée sur sa poitrine, était enveloppée de linges tachés de sang.

Caroline regarda longtemps, bien longtemps, cette pauvre main blessée ; ses yeux s’emplissaient de larmes en songeant que cet homme s’était battu pour venger une coquette qui se faisait un jeu de ses souffrances et de son amour.

Lucien ne bougeait pas, et la jeune femme, penchée sur lui, contemplait avidement les boucles de ces beaux cheveux châtains, humides et défrisés par la moiteur de la fièvre ; ces yeux fermés, dont elle connaissait si bien l’expression à la fois mélancolique et fière ; ces lèvres minces et spirituelles ; cette peau fine et blanche, ce cou qui ressemblait à celui d’une femme ; et, devant toute cette distinction, toute cette grâce