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Page:Le oui et le non des femmes.djvu/171

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LE OUI ET LE NON DES FEMMES.

chèvres ; le bouc marchait en tête, fier comme Jupiter Ammon sous son diadème de cornes recourbées ; les bergers, juchés sur leurs mulets aux têtes historiées de pompons et de fanfreluches, dominaient cette foule trotte-menu qu’activait de grands chiens empressés, inquiets, d’une turbulence intelligente.

Je donnais le bras à Caroline et, de plus en plus, je serrais sa main contre mon cœur. Elle ne disait rien ; mais elle était troublée, émue. Moi, je lui parlais par mes tressaillements, par les battements de mon cœur, par le fluide ardent qui courait de moi vers elle.

En passant devant le troupeau, je lui montrai le bouc triomphant, et je risquai une grosse et triviale plaisanterie de vaudeville.

En tout autre temps, cette sottise, que je n’eusse peut-être point osé dire eût fait rougir Caroline ; cette fois, elle ne pensa pas à rougir,