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Page:Le oui et le non des femmes.djvu/258

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LE OUI ET LE NON DES FEMMES.

la solitude ! « Personne jamais ne lui dira que c’est elle qui me tue, me disais-je ; elle m’oubliera, sans se douter que je suis mort parce qu’elle m’a chassé. » Je m’assis sur le bord de la route, et je pleurai amèrement. Tout à coup j’entendis un bruit de grelots, je vis se soulever des tourbillons de poussière ; je compris que vous arriviez vers moi… Alors, pris de vertige, devinant ce que mon sacrifice renfermait de vengeance, je résolus de me jeter sous les pieds des chevaux et d’expirer sous vos yeux, Caroline !

— Malheureux ! s’écria-t-elle en pâlissant.

— Oh ! non, pas malheureux ; car j’éprouvais une joie étrange, une ivresse immense, un âcre bonheur… J’allais être tué par vous !… J’attendis deux secondes, qui me parurent deux siècles, et, à mesure que les pas précipités de l’attelage s’avançaient vers moi, toutes les phases de notre tendresse apparaissaient à mes yeux. Je