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LE OUI ET LE NON DES FEMMES.

peaux ; le soleil se couchait dans les hautes bruyères ; la soirée était chaude comme si l’été fût déjà arrivé. Je cherchais, en marchant, l’ombre des buissons. Un mendiant m’aborda ; les piétons sont frères sur les chemins ; nous continuâmes notre route côte à côte, moi rêvant, lui achevant ses oraisons.

Arrivés au bord de la petite rivière de Lemblève, nous nous assîmes sur l’herbe ; je fis deux parts de mon pain, et je lui passai ma gourde ; puis mon rêve me reprit.

Bientôt le premier tintement de l’Angelus nous arriva par-dessus la colline ; le mendiant fit sa prière ; puis, après m’avoir recommandé à Dieu, il disparut derrière les treilles de la rive.

Un batelier m’avait déposé sur l’autre bord. Des barques blanches passaient sur la surface sombre de la rivière. Pensiez-vous à moi, sévère amie, à cette heure où le croissant épanchait, à