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Page:Le oui et le non des femmes.djvu/89

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LE OUI ET LE NON DES FEMMES.

trop dire, Caroline tremblant d’en trop entendre ; puis le jeune homme, s’enhardissant dans le silence que gardait la comtesse, parla de lui, des souffrances de son cœur, de l’amour qui l’avait contraint de fuir à Mareuil.

— Oui, ajouta-t-il en soupirant, je l’aimais tant, je l’aimais si purement, si chastement, cette belle et noble femme qui souffrait et qui ne croyait plus à l’amour ! Elle me rendait en amitié la monnaie de mon délire ; elle me faisait entrevoir seulement ces beaux pays de la passion, où j’eusse voulu m’égarer avec elle ; mais son cœur était mort, et la flamme ardente qui remplissait le mien la faisait sourire d’indulgence et de pitié ; mes transports n’excitaient en elle qu’un dédain amer, et elle déployait ses ailes d’ange quand je me roulais à ses pieds pour saisir une mortelle, une femme. Ah ! j’ai bien souffert, et mon cœur s’est usé dans cette doulou-