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Page:Le oui et le non des femmes.djvu/90

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LE OUI ET LE NON DES FEMMES.

reuse lutte !… Vous n’aimez pas encore, madame, et moi, je ne veux plus aimer. On a éteint en moi ce chaleureux foyer de tendresse auquel une âme jeune et vivace se fût embrasée. En moi, le doute a remplacé la confiance ; l’indifférence a succédé à la passion ; je ne suis plus un poëte, je suis un sceptique et un philosophe. Vous voyez, madame, qu’en admettant que j’eusse l’audace de lever les yeux sur vous, je suis un être peu dangereux, un pauvre mortel qui a perdu son cœur, tout comme l’homme d’Hoffmann avait perdu son ombre.

Caroline écoutait, émue et troublée, les singulières confidences de cet homme qu’elle connaissait à peine ; elle le regardait sans l’interrompre ; elle avait oublié qu’il s’appelait Lucien Pichel.

Ils étaient arrêtés… La lune donnait en plein sur la figure pâle du jeune homme ; ses yeux brillaient d’un éclat singulier.