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LE POISSON D’OR

ses talents ont etevé depuis aux premiers grades de la magistrature. Nous avions conservé ensemble des relations très étroites, et je le regardais comme mon meilleur ami.

— Enfin m’écriai-je, voici quelqu’un avec qui discuter ; c’est un véritable soulagement pour moi que de vous expliquer…

— Expliquer quoi ? interrompit-il. Je ne suis pas ici sur mon petit tabouret d’apprenti avocat général. Je vous parle en ami, Corbière ! La Cour s’étonne de votre entêtement dans cette affaire. Le tribunal de Lorient n’est pas très fort, et nous lui donnons parfois les étrivières, mais ici, c’est clair comme deux et deux font quatre, mon vieux Corbière, c’est simple comme bonjour. Que diable ! quand on a acheté et qu’on n’a pas quittance…

— Mais si on a quittance ?… dis-je.

— Elle a mis un an à pousser cette graine-là ? fit-il en ricanant.

— Ne peut-on retrouver un objet perdu ?

— Si fait, si fait. Écoutez donc, Corbière, chacun a sa conscience, mon bon. Je vous crois un parfait honnête homme. N’y a-t-il pas une jeune personne là dedans ?…

Il m’adressa cette question négligemment. Je rougis de colère.

— Bien ! bien ! continua-t-il : très charmante, à ce qu’on dit. Mais vous êtes le parangon des époux, Corbière !

Il reprit après un silence, car je n’aurais pu répondre de sang-froid.

— Voilà, mon bon, c’est drôle, que voulez-vous ?