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LE POISSON D’OR

Seveno, il est descendu mettre l’écrit sous une roche.

C’était positivement la Vérité. J’avais déjà remarqué que Bruant essayait de couler son parchemin, qui surnageait toujours. Sa tête revint sur l’eau.

— Vous ne l’aurez pas ! murmura-t-il en se parlant à lui-même.

Sur l’eau, on entend tout.

— Nous l’aurons, répliqua Seveno, qui donna un coup de barre pour se rapprocher de lui, ajoutant : Il fait assez jour pour prendre la marque.

Il faisait assez jour, en effet, car tous les points de la côte apparaissaient distinctement. Mais pas n’était besoin de prendre la marque. À côté de Bruant, qui se reposait sur le dos comme dans son lit, un objet blanc se montra. C’était le diable de testament qui revenait sur l’eau.

— Sauve la guenille, Jean-Pierre ! ordonna le patron.

Nous passions auprès de la redingote. Jean-Pierre l’attrapa d’un coup de gaffe.

De terre on nous criait :

Étonnez-le d’un coup d’aviron, et vous l’aurez !

— Mes amis, dis-je, pensant que Bruant fatigué allait bientôt se rendre, tous ceux qui vous excitent au crime seront des témoins contre vous, une fois le crime commis.

— Un crime ! fit Seveno, incrédule. On ne peut donc pas marcher sur une couleuvre, à présent !

— Et je vous préviens, ajoutai-je, que ce ne sera pas moi qui vous défendrai en Cour d’assises.

Il y a des mots qui frappent comme des massues. Les avirons mollirent autour de la barque. Bruant se mit nager vers nous.