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Page:Le sphinx au foyer Bourotte 1883.djvu/70

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Et cependant elle marchande,
S’emporte, et l’humble piéton,
Pressé par la faim qui commande,
Baisse les prix, baisse le ton.
Oh ! prends bien garde, jeune fille :
Le bon marché devient coûteux,
Quand c’est le pain d’une famille
Et la sueur d’un malheureux !


X

Oh ! le vide effrayant au pot de marmelade !
Quel gourmand l’a creusé ?
On m’en a pris assez pour se rendre malade.
C’est vraiment trop osé !
Voyons : ce n’est pas vous, Paul, Louise, Antoinette ?
— Jamais, maman, jamais !
— Et toi, Michel, as-tu la conscience nette ?
— Oui, maman… je… si… mais…
— Ce trouble t’a trahi. D’ailleurs cette moustache
Gardée imprudemment,
Ce manque d’appétit, cette rougeâtre tache
Parlent suffisamment !
Que c’est honteux, Michel ! mensonge et gourmandise,
Détestables liens !…
Et vous, ne riez pas de ces défauts, Louise :
Car chacun, à son tour, est mené par les siens.