Vous ai-je convaincu, lecteur, que le vol plané existe ? Que le vol sans dépense de force n’est pas un rêve ?
On n’invente pas une merveille comme le vautour ! C’est l’absolue vérité que j’essaye de vous dépeindre.
Ne cherchez pas à vous dérober : il n’y a pas d’erreur.
Le voilà ce moteur étrange tant cherché !
Léger et fort !
Léger, poids néant, c’est le vent, c’est l’air.
Fort ! Hélas souvent il l’est trop. Quelquefois cependant insuffisant, surtout à la surface, mais par mille mètres de hauteur on peut affirmer, comme donnée générale, qu’il a toujours assez de vitesse pour pouvoir supporter un aéroplane chargé de 7.500 grammes par mètre carré.
Puis, comme il est pratique et surtout bon marché, ce réservoir de mouvement offert à tout être ailé qui sait l’utiliser.
Que la vapeur et l’électricité deviennent faibles et lourdes devant cette source de puissance !
Il y a dix ans que j’ai présenté ce moteur et on s’est efforcé de ne pas le voir.
Vous en reviendrez tous là, et forcément, aviateurs rameurs. À force de briser des appareils à la suite de mécomptes sans nombre, vous finirez par comprendre que vous vous heurtez contre l’impossible, contre une difficulté devant laquelle la Nature elle-même a renoncé.
Vous n’avez pas voulu croire. C’est naturel, vous n’avez pas vu !
Il vous a fallu arriver au fond de l’impasse et constater que le chemin finit là deux ou trois kilogrammes et on ne va pas plus loin ; la route est barrée.
Ainsi le veut la relation qui existe entre la résistance des corps et l’effort qu’il faut produire pour vaincre l’attraction de notre globe.