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L’ŒUVRE IGNORÉE DE L.-P. MOUILLARD

vèrent là de sincères défenseurs. Octave Chanute n’avait pas lu l’Empire de l’Air, M. Drzewiecki lui conseilla vivement cette lecture, et M. Albert Bazin raconta à l’ingénieur américain ce qu’il avait vu au Caire, lors de ses observations en compagnie de Mouillard. Chanute fut vivement intéressé par ce qu’il entendit.

M. Drzewiecki qui, bien que russe, était un ancien élève de notre École centrale, avait à la séance du 1er août 1889 du Congrès International d’Aéronautique présenté un travail important sur les oiseaux considérés comme des aéroplanes animés. Il y avait montré par des considérations, basées sur des formules établies par le colonel Duchemin, que, en tenant compte d’un avancement supposé horizontal du volateur, la théorie de l’appui normal revient à celle de la sustension due à la résistance de l’air attaqué sous une faible incidence, ou en d’autres termes que la théorie de l’orthoptère revient à celle de l’aéroplane. Considérant ensuite les mesures données par Mouillard, M. Drzewiecki avait montré comment, à « étudier le vol horizontal, les lois déduites théoriquement pour les aéroplanes, se trouvent vérifiées par l’observation des volateurs naturels, c’est-à-dire à quel point nous avons le droit de considérer l’oiseau comme un aéroplane animé ».

Quelques mois après le « dîner des aviateurs », M. Drzewiecki eut l’occasion d’aller exprimer de vive voix à Mouillard combien il appréciait ses travaux. Au mois de février 1890 il se rendait au Caire et portait un exemplaire de son mémoire à l’observateur solitaire. Il trouva Mouillard attentif aux mêmes observations que naguère et surtout préoccupé de construire léger. Il vanta à son visiteur pour les aéroplanes, le bois de Nambag, un arbre du Haut-Nil, qui semblait particulièrement apte aux constructions résistantes, et ultra-légères à la fois, que nécessite la locomotion aérienne.