Page:Leblanc — Contes du soleil et de la pluie, parus dans L’Auto, 1902-1907.djvu/26

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plus haut et de faire du bruit en marchant,

Elle devait choisir entre eux deux cependant, son père l’en pressait, et elle ne pouvait tarder davantage, s’étant engagée à prendre une résolution au cours de l’été.

Le départ approchait. Jacques Stirbel lui demanda carrément une réponse. Elle ne savait pas, elle hésitait, indécise et anxieuse.

Un matin elle chevauchait dans la forêt, quand elle rencontra Stéphane à bicyclette,. Contrairement à son habitude en ces cas-là, elle ne l’évita point. Elle se mit à trotter près de lui, ralentissant parfois, puis rattrapant son retard.

Au bout d’une heure ils s’arrêtèrent et descendirent. Ils n’avaient pas échangé un mot. Quelques minutes encore ils restèrent silencieux sous la voûte des arbres et dans la grande paix de la nature, et elle lui dit :

— Il faut que je vous apprenne mon mariage.

— Ah ! fit-il.

— Oui, mon père veut que je choisisse entre Jacques et Lauzay.

— Et qui choisissez-vous ?

Je ne sais pas… Donnez-moi un conseil… Qui dois-je épouser ?

Il la regarda dans les yeux longuement, et d’une voix douce murmura :

— Moi, Geneviève.

Elle fondit en larmes, vaincue soudain et dominée par cet homme qu’elle aimait. Mais, essayant de résister :

— Pourtant, Stéphane, dit-elle, nous sommes si loin de nous comprendre… Nos goûts sont si différents !…

Il lui prit les mains avec une tendresse un peu autoritaire.

— Enfant que vous êtes, vous pensez encore à cette petite querelle du premier jour !

Elle fit la moue :

— Vous avez mis tant d’obstination à faire une chose qui me déplaisait.