Page:Leblanc — Contes du soleil et de la pluie, parus dans L’Auto, 1902-1907.djvu/345

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ainsi, dans le voyage que nous accomplissons ensemble à travers la vie, elle a pris le volant que ma main débile avait dû lui confier, et elle conduit, choisit, vire, s’arrête, marche à sa guise. Je la regarde faire.

Le plus vexant, c’est que nous ne sommes plus seuls sur la route, je veux dire dans notre automobile, dans mon automobile. Elle y admet n’importe qui, la femme du notaire, le curé.

Depuis un mois principalement, nous pilotons du matin au soir le nouveau médecin. Il est charmant, tout jeune, mais un peu indiscret. Nous l’accompagnons chez tous ses malades, et nous attendons à la porte. Quelquefois même Céline me dépose à la barrière de l’une de mes fermes et le mène jusqu’à la ville voisine, où il a des clients très riches. Et que je ne m’avise pas de protester. Sinon colère, reproches et bouderie.

À part cela la vie n’est pas mauvaise,

Maurice LEBLANC.