Page:Leblanc — Contes du soleil et de la pluie, parus dans L’Auto, 1902-1907.djvu/436

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Quel rapport y a-t-il entre la femme et le sport ? Aucun, n’est-ce pas ? Cependant, un jour, il se trouve, à la tête d’un journal de sport, un directeur intelligent, actif, qui a l’excellente idée de réunir autour de lui quelques écrivains et de leur demander des nouvelles sportives. Que se passe-t-il ? C’est que, toi comme les autres, sur dix nouvelles sportives vous nous en offrez neuf où la femme parvient à se glisser. Elle est au premier plan ou dans l’ombre, mais elle est là, idole et maîtresse.

Je ne pus m’empêcher de rire :

— Que veux-tu ? Si le public…

— Eh ! justement, on donne au public ce qu’il préfère. Chez nous autres Anglais, je te jure bien qu’on lui donne autre chose, parce que c’est autre chose qu’il demande. Tiens, un petit fait. Nous sommes aujourd’hui le 27 décembre, en pleines vacances de Noël et du premier de l’an. Que font tes jeunes Français de dix-huit à vingt-cinq ans parmi ceux qui disposent de quelque loisir ? Café, théâtre, visites, et autres amusements qu’il est inutile de préciser. Eh bien ! regarde autour de nous tous ces jeunes hommes qui patinent, qui lugent, qui marchent, qui courent… Des Anglais, rien que des Anglais. La plupart n’avaient que dix ou quinze jours de liberté : de leur île brumeuse ils se sont rués vers ce coin de soleil et de gaîté. À partir du 15 décembre, toutes les places de sleeping de Paris à Lausanne étaient retenues jusqu’à la veille de Noël, et toutes, tu entends, toutes par des Anglais. Et cela pour profiter de la neige et de la glace.

— Et pour danser le soir dans les grands hôtels, car les jeunes misses pullulent ici également.

— Ils s’en moquent, crois-le bien. Le peuple, dont le jeu national est le foot-ball — tu admettras que le foot-ball n’est pas un jeu de femmes — ce peuple-là ne