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CONTES DU SOLEIL ET DE LA PLUIE

La Force de l’homme

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— Vous aimez les sports, mademoiselle ?

— À la folie, monsieur.

Ils jouaient au ping-pong tous deux, elle, Raymonde, mince, souple, adroite et désireuse de plaire, — lui, Maxime, grand, solide, de figure expressive, un de ces êtres qui apportent à tout ce qu’ils font la même ardeur et la même foi, un cérébral passionné d’exercice.

La petite balle rebondissait d’un camp à l’autre, légère et preste, avec un petit bruit amusant, un petit tapotement monotone qui rappelait ces rythmes exotiques entendus aux villages de l’Exposition. Entre les parties, tout en ramassant les balles, ils causaient, Maxime surtout.

— Et vous avez bien raison d’aimer le sport. C’est la plus jolie distraction. Que dis-je, une distraction ! Mais c’est la joie elle-même. Au fond tous les plaisirs que nous prenons ne sont que des manifestations sportives qui fortifient tel muscle, tel organe et perfectionnent tel de nos gestes et telle de nos attitudes. Croyez-vous qu’une femme qui sait danser n’ait pas plus de grâce, même immobile, que celle qui ne sait point, et qu’elle n’ait une idée plus nette de la beauté d’une ligne ou de la noblesse d’une pli de robe ? Ainsi également, celle qui chantera se tiendra mieux, s’épanouira davantage et respirera plus aisément. N’est-ce pas votre avis, mademoiselle ?

— Évidemment. Je danse et je chante, et pas trop mal, dit-on.