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Et soudain ils s’arrêtèrent net. De ce carrefour débouchait une petite troupe de uhlans, officier en tête.

— Flambés ! murmura Duvauchel

— Je comprends ! répondit Renard.

D’un coup d’éperon l’officier avait enlevé son cheval et chargeait, le sabre haut. Ses hommes le suivirent. Il y en avait huit.

Vivement Duvauchel et Renard inspectèrent les alentours. À gauche, la plaine. À droite, au-dessus d’un talus abrupt, le bois, que ceignait un quadruple fil de fer barbelé. Impossible de fuir.

Duvauchel épaula son fusil. Renard épaula le sien.

— Feu ! commanda Duvauchel.

Les deux détonations retentirent à la fois.

L’officier, qui s’était abattu sur l’encolure de son cheval, se dressa, agita son sabre, jeta quelques paroles rauques et tomba à la renverse, désarçonné. Le cheval s’enfuit.

Un uhlan aussi avait été touché. Son cheval l’emporta au galop. Et les autres hommes tournèrent bride, rentrèrent dans le bois et disparurent.

Duvauchel et Renard demeurèrent un instant immobiles, suffoqués. Cela n’avait pas duré trente secondes.

— Eh ben, vrai, en voilà une histoire ! déclara Duvauchel.

— Je comprends, répondit Renard. Et maintenant, pas de temps à perdre, hein ? Les uhlans vont revenir en quête de leur gradé. Trottons-nous.

— Minute. Faut d’abord lui donner des soins.

— Et si on se fait pincer ?